Couture • La couture heureuse

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En écrivant certains des derniers articles des Instantanés, j'ai cité plusieurs fois Grain de Maïs et son billet sur le choix des tailles en couture, et une chose en entraînant une autre, j'ai flâné sur son blog, redécouvrant avec plaisir ses créations... De blog en site et de clic en lien, l'engouement et l'admiration pour les réalisations et les patrons de créatrices indépendantes ont provoqués un malaise et enclenché une réflexion que je souhaitais partager avec vous.

La réalisation du duo Japon/Citronnille a été une révélation pour moi. Au moment d'enfiler le modèle terminé, j'ai compris pourquoi j'affectionne tant la couture japonaise et pourquoi j'y reviens souvent. Lignes simples, assemblage aisé, fioritures quasi-absentes...ça n'est pas ma flemme qui s'exprime. Si je plébiscite ces patrons, ce n'est pas (que) par envie de réaliser un projet rapidement mais avant tout parce que leur style me correspond. Lorsque j'ouvre mon placard, il est évident que tous mes vêtements ont un point commun : ils sont simples. Pas de coupe compliquée, pas (trop) de plis, d'asymétrie, de fronces, aucune dentelle ni broderie... Les touches d'originalité, de gaieté, viennent souvent de la couleur : beaucoup de t-shirts et de pulls violets, jaunes, oranges, bleus azur ou bleus rois, roses ou encore lie-de-vin. J'aime que les vêtements me mettent en valeur tout en restant simples et discrets ; pour moi, habillée rime avant tout avec décontractée. Ma garde-robe est bien loin de correspondre au dressing type féminin... et cela me va très bien !

Depuis que je couds des vêtements pour moi, deux points guident mes réalisations. Le premier, est que je ne cherche pas à m'habiller des pieds à la tête et à ne plus jamais aller dans aucun magasin. Je continue d'acheter des pantalons, des t-shirts... que j'agrémente de pièces cousues mains. Le second - le plus important à mon sens - est que je veux respecter mon style. Un peu dans la lignée du Wearability Project, je veux porter ce que je couds. Et je couds donc des vêtements qui collent à mon allure : les lignes droites, les vêtements sans empiècements ou superpositions compliquées, les tissus colorés et originaux...

Si le "buzz" que suscitent certains patrons me mettent mal à l'aise et m'interrogent, c'est parce que je n'arrive pas toujours à distinguer quelle est la part d'effet de mode dans tout cela. En effet, au fil de mes balades sur la toile, force a été de constater que peu de voix plus critiques, plus réservées se font entendre autour des marques de patrons indépendantes ; comme une adhésion sans conditions... Jusqu'à mon fameux duo, le dernier livre de Grain de Maïs était en pôle position sur ma liste d'ouvrages must have. Et puis j'ai réalisé que les créations proposées par Ivanne sont trop féminines pour moi. Beaucoup de courbes, de plis, de nœuds, de découpes... qui ne me correspondent pas. Il y a des modèles qui me plaisent et certains pourraient certainement m'aller avec un tissu adéquat. Mais, pour l'instant, ils ne me plaisent pas suffisamment. Et c'est donc, avec un vrai plaisir, que je continue d'admirer les créations Maïs, de recommander son blog, de lire ses articles et d'apprendre de nouvelles astuces, de retenir certaines associations de couleurs, de motifs, tout en ayant le recul pour dire "ça n'est pas fait pour moi", "ça ne me correspond pas". Pour le moment. Un style, une garde-robe, des goûts évoluent et peut-être que dans quelques années, ces Grains seront mes modèles de prédilections. 

Je crois donc que c'est une erreur que de chercher l'opposition et la comparaison entre les différentes marques de patrons aujourd'hui disponibles. Les robes japonaises ne sont pas des "sacs à patates" qui doivent souffrir de comparaisons avec les très beaux  - et très ajustés - modèles Dear & Doe. Elles ont des coupes bien particulières qui ne correspondent pas forcément à toutes les morphologies et qui, bien sûr, ne correspondent pas à tous les styles. Il appartient à chaque couturière (et couturier) de développer sa relation avec les marques de patrons qui existent, quitte à prendre le risque de ne pas suivre la tendance.

La couture prends sur nos temps et doit donc rester un plaisir ; plaisir guidé par nos goûts, nos envies, nos préférences... 


Je terminerai ce billet par une jolie citation trouvé dans l'univers merveilleusement tarabiscoté de Claude Ponti :

"Un vêtement heureux est plus confortable qu'un vêtement trop savant."
Almanach ouroulboulouck, L'Ecole des Loisirs, 2007.


4 commentaires

  1. Tout à fait d'accord avec toi pour la couture japonaise. Je suis une grande fan. J'aime leur simplicité, leur confort et leur originalité. Côté technique, ils n'ont rien à envier à Mme Burda, qui me donne la migraine même pour les patrons easy! Et effectivement chaque "marque de patron" correspond à une morphologie particulière, c'est également vrai dans le prêt à porter.

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    1. Ça me fait plaisir de te lire, de voir que mes impressions sont partagées par d'autres !
      Un grand merci :-)

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  2. Ton article est tout à fait juste, les patrons japonais je les aime d'amour et j'ai pourtant pas la carrure pour les porter, mais en ajustant certains points ils sont très biens et particulièrement pour les enfants ! Et deer and doe c'est un plaisir à coudre, mais y a des modèles que je ne pourrais pas porter, c'est pas mon style. Mais j'adore coudre du deer and doe ( et du jap :-P)

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    1. Merci !
      Je crois que moi aussi je les aime d'amour les patrons japonais ; leur côté presque androgyne et pourtant très féminins me plait énormément.
      Je n'ai encore jamais osé me lancer dans du Deer & Doe ; j'attends le modèle coup de cœur... Et bien que je n'ai pas du tout l'intention de me marier dans les prochains temps, l'adaptation de la robe Réglisse pour une cérémonie, m'a tapé dans l’œil...

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